|
C.R. Welter a une technique simple, très éloignée des
"cuisines" complexes à base de différentes huiles, sécratifs, vernis et
mixtures qui, avec le temps, ont hélas ravagé de grandes oeuvres (L. de Vinci avec ses
couleurs à base de plomb dont l'oxydation noircit toute la couche picturale ; Th.
Géricault dont le "Radeau de la Méduse" est déchiré en larges plaques par le
bitume employé). Remarquons la bonne conservation des peintures médiévales simplement
exécutées à l'eau et à l'oeuf, contrairement aux oeuvres ultérieures. Les couleurs de
Delacroix choquaient les visiteurs et sont pourtant bien ternies aujourd'hui. Les supports
eux-mêmes ont souvent été enduits de pâtes à base de céruse ou de terre qui ont
engendré des nappes de craquelures profondes. C.R. Welter a donc abandonné toute
préparation de la surface, qu'elle soit de toile, de carton ou de bois contreplaqué. La
couleur est appliquée directement et imprègne le support en profondeur, comme la
peinture à fresque fait corps avec le plâtre.
La palette elle aussi est simplifiée. Elle a pour base les
trois couleurs primaires : Magenta (pourpre clair), Jaune et Cyan (bleu pâle),
aucune d'entre elles n'empruntant quoi que ce soit aux deux autres. S'ajoutent une Terre
de Sienne Naturelle, une Terre d'Ombre Brûlée, rarement le Noir, et bien sûr le Blanc
(de Titane). Rubens, Velasquez, Rembrandt avaient des palettes simples, à la différence
de Delacroix qui utilisait plus de cinquante couleurs.
Pour l'esprit de cette peinture, C.R. Welter se
réfère en particulier à la formule du jeune secrétaire de Rodin, le poète
Rainer-Maria Rilke : "Ne pas tenir l'art pour un choix opéré dans le monde,
mais pour la transformation intégrale de celui-ci en splendeur". Ceci étant à
l'opposé des modes d'aujourd'hui. C.R. Welter est attaché à la belle
recommandation de La Fontaine : "Cherchez la grâce, plus belle que la
beauté". |